L’Europe a été pendant des années entre le XVIIe et le XXe siècle, l’une des plus grandes puissances du négoce du poivre. Cependant, la présence de nombreuses rivalités entre différents négociants ont été la cause majeure de la chute impériale de l’Occident devenu spectateur sur le marché mondial des épices, plus précisément du poivre.
Devoir de mémoire : à partir de 1640, Amsterdam fut la capitale par excellence du commerce de redistribution du poivre en Europe. En 1674, le commerce de la Grande-Bretagne avec la Scandinavie est libéré et à la fin du siècle, c’est au tour de l’Amérique, la Russie et l’ile de Terre-Neuve de faire son entrée sur le marché des épices.
L’activité agricole, après la cuisine est l’une des plus anciennes découvertes des explorateurs occidentaux tels que Christoph Colomb, Marco Polo, Vasco de Gama. C’est dans cet élan qu’en parcourant le monde à la recherche de nouvelles aventures culinaires, ils feront la découverte des saveurs d’épices principalement le poivre, qui sera par la suite produit et commercialisé au Portugal, en Hollande et en Grande-Bretagne.
Au regard de la forte demande sur le marché du poivre, de nombreuses compagnies européennes d’épices se firent d’énormes bénéfices. C’est le cas de Michel DUCROS l’un des premiers fondateurs de compagnie d’épices en France ; le négociant par la suite créa des filiales en Italie, en Espagne, en Belgique, au Portugal et au Canada. Puis vint Gilbert DUCROS avec l’entreprise GYMA dont le chiffre d’affaires avoisinait les 150 millions d’euros dans les années 90 faisant de lui le plus grand trader de poivre en Europe.
C’est à la suite de cette forte consommation, que de nombreuses entreprises européennes feront leur apparition sur le marché mondial du poivre entrainant avec elle de nombreux problèmes tels que l’insuffisance des fonds financiers pour accroitre la production et la fermeture de plusieurs compagnies, les rivalités familiales et l’absence d’un accord de non-concurrence entre les marchands et les acheteurs lors du contrat de vente.
L’une des entrées majeures par laquelle le malheur des négociants occidentaux entre et s’installe est notamment la discorde et la désunion de la famille DUCROS : Gilbert DUCROS va se détacher de sa famille pour des raisons de visions divergentes, pour fonder sa propre entreprise en compagnie de ses frères Yves et Marc DUCROS, entreprise qu’il espérait être le futur du négoce en Occident. Malheureusement, pour des raisons budgétaires très prononcées, la société GYMA va se retrouver surendettée, incapable de satisfaire aux exigences de ses clients et finalement contraint à quitter le marché au grand désarroi du négoce occidental.